Voyages vers l’amour
Dès le premier jour de cette bien étrange période, l’appareil photo ne m’a pas quitté. Comme si nos regards s’étaient croisés et qu’un sourire était né. L’idée d’écrire ce journal avec des assemblages de photographies prises tout au long de la journée, s’est imposée. Ça fait suite à une résidence d’artiste à l’Abbaye du Relec, qui m’a permis d’explorer cette écriture inconnue jusque là.
Le titre est apparu instantanément, sans aucune recherche, sans aucune retouche.
« Voyages vers l’amour », est bien un pluriel de ce singulier mot « voyage » en cette période où la moindre sortie à l’extérieur demande une dérogation. Pas besoin de papiers, en revanche pour entamer le voyage vers l’intérieur… vers l’amour.
L’amour ce bien étrange mot, qui fait naître des images en chacun.e d’entre nous. Parce que l’amour c’est un peu comme cet autre mot : « dieu », quelque chose que l’on situe à l’extérieur de soi. Et si dieu et l’amour n’était qu’une seule et même sensation à aller rencontrer à l’intérieur de soi ?
La période fut une opportunité pour entamer ces voyages, la photographie une remarquable compagne. Les soirées, ressemblent à des rituels méditatifs, la présence au moment des assemblages est vécue comme la contemplation d’une image qui va naître, mais dont je ne suis pas maître. Un accouchement sans douleur, tout en douceur. Je suis dans cette naissance la sage-femme et celui qui met au monde. Je vis cela en pleine conscience, en pleine solitude, complètement imprégné dans ce monde nouveau. Bizarres moments où rien ne me dérange, ni l’arrivée de textos, ni l’écoute de musiques. J’ai été très surpris de pouvoir être accompagné, depuis quelques temps, par cette émission de radio « Eldorado, rock, folk, etcétéra… » et par la voix de Pierre Lemarchand. Cette possibilité nouvelle pour moi d’être dans une double présence, celle de la création et celle de l’écoute.
Et puis au matin du 34ème jour, ce rêve. Ce rêve mi-endormi, mi-conscient, cette histoire qui débute. Ces textes qui arrivent après celui des assemblages, une irrésistible envie d’écrire, de raconter.
Voila, nous sommes au soir du 55ème jour de ce stop. Le mot demain n’a aucune signification, il a presque disparu de mon langage, comme aucune envie de le prononcer. Je ne sais pas et ça me va plutôt bien. Le chaos est venu là pour me montrer que la vie est fragile, mais que le saut dans l’inconnu m’est largement plus doux que rester attaché au piquet de mes certitudes.
Prendre l’envol, commence réellement à avoir du sens. Le mot liberté aussi.
Vous pouvez suivre au jour le jour ce journal du confinement de 2020. Les textes sont associés aux photos.
*Merci à toutes celles et ceux qui m’ont accompagné, suivi et encouragé pendant cette expérience.