JARDINS DE L’IMAGINAIRE – ÉTATs D’ESPRITs

Permettez-moi de vous raconter une histoire. Une histoire semblable à celle qui est racontée en image sur ces photographies, mais avec des mots. C’est une histoire pour petits et grands enfants, pour tous les êtres, visibles ou invisibles, qui vont écouter et qui vont peut-être sentir une petite lumière à côté du coeur.

Une histoire à dormir debout, une histoire sans queue ni tête, une histoire sans dieu ni maître.

Il est une fois… un lieu sacré, un lieu magique, un lieu habité… par un esprit. On l’appelle l’esprit du lieu. Cet esprit ressemble au lieu, il est grand et petit à la fois, il aime les éléments, la pluie le soleil, le vent, les tempêtes, sa tête repose sur l’oreiller des montagnes et ses pieds flottent sur la mer. Il est tout et dans tout à la fois : arbre, plante, fleur, oiseau, insecte, reptile, cochon sauvage, loup, gros rocher, petite pierre, virus, espace.

Il est même devenu amoureux du silence…

Ce qui ne l’empêche nullement d’aimer la présence des êtres humains, surtout ceux qui lui disent bonjour, qui s’arrêtent, en signe de respect, aux portes d’entrées qu’il a toujours grandes ouvertes. Cet esprit du lieu ne se dévoile pas comme ça. La preuve certains et certaines disent qu’il n’existe pas, que ce sont des histoires, des histoires à dormir de bout en bout. Lui, rigole, ni dans sa moustache, ni dans sa barbe, qu’il n’a pas, car l’esprit du lieu est féminin. C’est une âme avec des longs cheveux, qu’elle aime tremper dans la rivière ou à la source. C’est pour ça, que certains jours le petit pont de bois est glissant, ou que la source déborde.

Juste au-dessus de la source il y a une clairière, c’est là, à cet endroit qu’elle raconte son histoire, toute son histoire, sa longue histoire. Pour cela, il est préférable de s’asseoir, de se connecter à nos cinq sens, de sentir, écouter, regarder, goûter, toucher. D’accompagner notre respiration pour changer la branche morte en dragon, d’imaginer le moulin caresser la rivière, de voir trois collines alors qu’il n’y en a qu’une, de plonger dans l’étang pour redresser les branches, de sentir une larme couler en écoutant le vent.

Cette histoire en mots je la fais courte, par respect pour l’esprit qui me l’a racontée, et puis parce que c’est mon histoire, c’est mon imaginaire, ce sont mes rêves qui sont venus m’accompagner tout au long de ces six mois.

Je suis rentré dans ce lieu par une porte, un passage. A l’arbre qui apparemment garde le lieu, j’ai demandé la permission de rentrer, de bouger, de photographier.
Il m’a accordé cette confiance, je lui ai promis de ne laisser comme traces que les images que vous découvrez aujourd’hui. Elle sont le fruit d’une collaboration entre le lieu et moi, entre l’esprit du lieu et le mien, pas vraiment l’impression d’y être pour quelque chose, juste d’avoir appuyé sur un bouton au moment ou tout est juste.