Blanche Jandin, danseuse

11 heures ce dimanche matin d’avril, il fait froid. Blanche arrive avec quelques vêtements, dont un manteau chaud. Embrassade, pas trop de paroles, on sait pourquoi on est là. Blanche choisit une tenue et la séance commence. Blanche sait-elle ce qu’elle veut? Je ne veux pas le savoir, je ne veux pas avoir d’idée sur ce qui va se passer. J’appuie sur le déclencheur au gré des mouvements de Blanche, comme pour un échauffement, comme pour s’habituer l’un à l’autre, pour se connaitre plus profondément. Je rentre dans sa danse, mes yeux suivent les gestes et le décor, mes oreilles captent les sons des pieds qui frottent sur le sol, il ne fait plus froid. Il n’y a aucune tension dans ce lieu, pas de pression, pas de théâtre, juste une danseuse et un photographe.

Le temps n’avait plus de temps, mais il a duré trois heures. Trois heures comme dix minutes ou deux jours. Trois heures et un thermos de thé. Trois heures de concentration pour nous deux. La dé-concentration arrive comme un flash, tout est vide, à peine la vitalité pour appuyer une dernière fois sur le déclencheur pour une image qui ne fera pas partie de la sélection. Visionnage rapide des photos, mais je n’aime pas faire ça, ça ne correspond à rien, juste un ressenti peut-être pour la personne photographiée. Embrassade pour se dire au-revoir.

Le travail de post-production arrivera plus tard, sans précipitation. Le temps de l’infusion…longue. La sélection et les premiers envois à Blanche, son retour. Cette impression de fierté commune d’avoir réussi ce dialogue, un être qui parle et l’autre qui écoute.

Merci Blanche.